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La paille et le sycomore

Avertissement de l'éditeur 

Prologue

Le silence du Magistère

Les apologistes de M. Couvert

E. Couvert contre les papes 

L'impossibilité intellectuelle

L'argument de prescription

Des erreurs graves

Des questions troublantes

D'où viennent tant d'erreurs ?

"Paul Sernine répond à ses lecteurs" - Ed. Zébu, 2004

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De la justice en toute chose

Pour certains, toutefois, un débat d'idées avec les Cahiers Barruel et Monsieur Couvert, ainsi qu'une analyse critique de leurs écrits, s'ils pourraient être intéressants en théorie, seraient dans la pratique à proscrire, car ils diviseraient les forces déjà minimes de la contre-révolution et ne pourraient profiter qu'aux ésotéristes et aux guénoniens, ravis de voir les défenseurs de la foi s'opposer les uns aux autres.

Cette objection introduit la deuxième raison qui rend nécessaire un tel débat d'idées. Mais avant de l'exposer, répondons brièvement à l'objection avec les mots qu'utilisait dom Guéranger lors d'une controverse avec le futur Mgr Maret : « Quant à ce que dit Monsieur Maret, que les polémiques "divisent nos forces, scandalisent le public et amoindrissent l'autorité des défenseurs de la cause de Dieu et de l'Église", je lui répondrai que les droits de la vérité doivent passer avant tout ; qu'il y a beaucoup à gagner à des discussions dont le résultat peut être la destruction des idées fausses, l'épuration des méthodes, une appréciation plus juste et plus complète des matières » (L'Univers, 7 mars 1858).

Rappelons donc que nous entendons démontrer au cours du présent travail que, si l'école des Cahiers Barruel s'est attaquée souvent (quoique pas toujours) à des ennemis de la vérité, cette même école a utilisé dans ces attaques plusieurs arguments gravement erronés ou inadéquats.

En partant de ce constat, l'objection que nous avons relevée plus haut contre une analyse critique de l'école des Cahiers Barruel reviendrait à admettre que tous les arguments (même faux) pourraient être utilisés contre les ésotéristes, et en général contre les ennemis de la vérité.

Or, un tel état d'esprit nous semble de nature à ruiner l'esprit de justice qui doit être l'apanage du chrétien. Le mal est le mal, et il faut le condamner de la façon la plus énergique. Mais, même dans cette condamnation du mal et du méchant, il faut observer la justice et apporter des motifs fondés, faute de quoi l'on deviendrait soi-même un méchant. Condamner sciemment un coupable pour des motifs imaginaires ou erronés est aussi injuste que se refuser à le condamner pour des motifs réels et vrais.

Or l'appréciation humaine ne connaît pas le secret des cœurs. Elle doit donc juger selon les apparences, selon les indices. Pour que ces apparences aient quelque chance de correspondre à la réalité, il existe en matière de débat d'idées des règles, celles de la raison naturelle auxquelles s'ajoutent les règles coutumières des études scientifiques.

La vérité du fond se prouve par la vérité de la démonstration, bien que cette dernière ne soit pas cause de la réalité, mais seulement son expression plus ou moins imparfaite. Prétendre s'affranchir des formes d'une démonstration sérieuse et argumentée, même à propos du plus grand hérétique, du plus méchant ésotériste, serait entrer ipso facto dans l'injustice.

Pour l'appréciation humaine, simplement humaine, pauvrement humaine, ce sont les preuves qui font le coupable et l'absence de preuves qui fait l'innocent. Ces preuves, c'est à l'accusation qu'il appartient de les produire devant le public, et de les produire de façon démonstrative et convaincante. Seule la réalité de la démonstration peut manifester la vérité du fond.

Parce qu'à nos yeux la démonstration présentée par Monsieur Couvert et les Cahiers Barruel n'est pas convaincante des crimes dont ils accusent ceux qu'ils nomment les « gnostiques », nous estimons que la condamnation qu'ils font de ces « gnostiques », et telle qu'ils la font, n'est pas juste. Et ne pas intervenir pour refuser cette injustice entraînerait pour nous une égale injustice.

Cela ne signifie pas que les auteurs qu'ils dénoncent ne soient pas coupables d'erreurs et de tromperies, et dignes de condamnation : cela signifie qu'une condamnation appuyée exclusivement ou principalement sur les prétendues démonstrations de Monsieur Couvert et des Cahiers Barruel serait contraire à la justice.

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