Philippe
Vilgier : Paul Sernine, vous avez publié il y a quelques mois un
ouvrage intitulé La paille et le
sycomore qui a fait, comme on dit, « du bruit dans Landerneau ».
Votre livre propose, en effet, un débat d’idées sur un sujet
important : le « statut de l’erreur » à travers
l’Histoire humaine, à partir d’une analyse critique de ce que vous
appelez la « thèse propre » d’Étienne Couvert. Je vous
propose de revenir sur la question. Comme de nombreuses objections ont
été soulevées contre votre livre, il me semble plus sage, vu la place
limitée dont nous disposons, de nous arrêter seulement aux principales
d’entre elles.
Paul
Sernine : J’ai effectivement proposé un débat d’idées sur un
thème (ou plusieurs thèmes connexes) dont l’importance n’est pas
à démontrer. Pour le moment, ce débat n’a pas encore été vraiment
entamé sur le fond. Pour certains, il s’agit d’une question de
principe : « Le livre de Paul Sernine La paille et le sycomore (…) est une très mauvaise querelle. Dans
une discussion de ce genre, on comprendra que nous désirons entrer le
moins possible. (…) On voudra bien considérer les lignes qui suivent,
non comme une participation à un “débat d’idées” qui aurait été
lancé par Paul Sernine, mais comme une protestation contre cette
mauvaise querelle elle-même » (Sel
de la terre 48, p. 215). Pour d’autres, il s’agit
d’une question de temps : « Nous avons prévu de répondre comme
il se doit au livre de M. Sernine et de montrer quelle est la valeur réelle
de ses arguments. Mais un pareil travail ne peut pas se faire dans la précipitation,
il demande des recherches minutieuses (…). Ce travail devrait être
achevé dans quelques mois » (Lecture et Tradition 324, février 2004, p. 1).
Il
me semble opportun de laisser le temps faire son œuvre, soit pour
apaiser les irritations que le livre a pu causer, soit pour permettre
aux chercheurs d’élaborer leurs arguments. Je pense donc inutile de
revenir, pour le moment, sur le fond du livre et sur ses trois grands
arguments (« silence du Magistère », « impossibilité
intellectuelle » et « argument de prescription »). Arrêtons-nous
seulement aux principales objections qui ont été faites à ce jour, même
si elles ne touchent pas encore vraiment le fond de la question. |