L'exemple proposé à la fin de la réponse démontre
précisément le contraire de ce que prétend le Sel de la terre. Si la
première proposition du Syllabus était « manifestement gnostique »,
un « catalogue renfermant les principales erreurs de notre temps » (titre du Syllabus)
était l'endroit idéal pour le signaler. Or, précisément, le bienheureux
Pie IX ne le fait pas.
Bien mieux (et le Sel de la terre omet très
sympto-matiquement de le signaler), cette première proposition appartient à la
première section du document, qui possède un titre définissant à quelles
erreurs il faut la rattacher : « Panthéisme, naturalisme et rationalisme
absolu ». La première proposition est à l'évidence l'exposé du
panthéisme naturaliste le plus extrême.
Le panthéisme est une erreur aussi vieille que l'homme,
parce qu'elle est une des positions métaphysiques possibles des rapports entre
Dieu et le monde. Mais le panthéisme a été très fortement retravaillé
depuis l'époque moderne (par Spinoza et Hegel, en particulier), et surtout
propagé à un degré inconnu jusque-là.
Pie IX, dans l'allocution Maxima guident du 9 juin
1862 d'où est tirée cette première proposition, affirme d'ailleurs clairement
qu'il s'agit d'erreurs contemporaines, parlant des « erreurs principales de
notre malheureux siècle », des « erreurs pestilentielles par lesquelles ces
hommes, dans nos temps malheureux, troublent toutes les choses divines et
humaines ». Et loin de réduire ces erreurs à une seule erreur-source
appelée « gnose », le souverain pontife les décrit longuement, une à une et
séparément.