L'abbé René-François Rohrbacher, dans son Histoire
universelle de l'Église catholique (qui fit les délices de Louis Veuillot,
de Garcia Moreno, et en général de tous les antilibéraux), parle avec
beaucoup d'admiration de Clément d'Alexandrie : « Clément d'Alexandrie,
par sa vaste érudition, son zèle, la pureté de ses mœurs, n'était pas moins
propre que son maître saint Pantène à la charge de catéchiste public. (...)
Ses livres du Pédagogue ou gouverneur d'enfants sont regardés ajuste
titre comme un abrégé substantiel et élégant de la morale chrétienne. (...)
Pour tous les devoirs de la vie chrétienne, on ne peut guère désirer de
règles ni plus certaines, ni plus saintes, ni plus discrètes que celles qui
sont développées dans cet ouvrage ; aussi a-t-on pu dire, non sans
raison, qu'après les livres de l'ancien et du nouveau Testaments, il n'y en a
point de plus propres à régler les mœurs des fidèles » (livre
vingt-septième).
« En faisant ainsi sentir aux païens et à leurs
philosophes la solidité et l'élévation de la doctrine chrétienne, continue
l'illustre historien, Clément réfute aussi les hérétiques de son temps.
C'étaient principalement les faux gnostiques, tels que les valentiniens, les
marcionites. Il montre dans l'occasion le vice de leur raisonnement. Il les
réfute enfin tous à la fois par leur nouveauté, et leur oppose l'Église
très ancienne et très véritable ; l'Église une, qui comptait parmi ses
membres tous les saints ; Église une, comme Dieu est un, mais que les
hérésies s'efforcent de déchirer en plusieurs ; Église, sous tous les
rapports, la seule ancienne et catholique, qui rassemble dans l'unité d'une
même foi tous ceux que Dieu a prédestinés » (livre vingt-huitième).
L'éminent dom Prosper Guéranger chante également les
louanges de Clément d'Alexandrie : « Le grand Clément d'Alexandrie tient
rang parmi les auteurs liturgistes des trois premiers siècles. Ainsi que nous
venons de le voir, il avait aussi écrit sur l'importante question de la Pâque.
Il est, de plus, auteur d'un livre du Jeûne qui a pareillement péri ;
mais nous possédons encore de lui une hymne admirable au Sauveur, placée à la
suite de son Pédagogue. Cette hymne est la plus ancienne qui soit parvenue
jusqu'à nous : c'est un des cantiques spirituels dans le genre de ceux
dont parle l'Apôtre » (Institutions liturgiques, deuxième édition,
Palmé, 1878,1, pp. 69-70).
Devant ce concert de louanges (que nous poumons facilement
multiplier par cent ou mille : nous renvoyons en particulier le lecteur au Clément
d'Alexandrie de Mgr Freppel) auquel s'opposent les jugements si
catégoriques de Monsieur Couvert, le trouble nous saisit : les meilleurs
auteurs se seraient-ils trompés ? Monsieur Couvert, et lui seul, aurait-il
découvert la vérité sur l'hétérodoxie de Clément d'Alexandrie ? Il
faut trancher. Pour trancher de l'orthodoxie d'un auteur, le critère fiable et
clair est encore une fois le jugement des souverains pontifes.