Dante, Clément d'Alexandrie : deux auteurs sévèrement
condamnés par Monsieur Couvert comme « gnostiques » et ennemis de la vraie
foi, et que les papes décorent plus volontiers du titre de défenseurs de
l'orthodoxie. Il y a là, pour le moins, un problème intéressant.
D'autant que ces deux auteurs ne sont pas isolés. Si nous
avons développé leur cas pour éclairer le lecteur, il serait facile apporter
d'autres exemples. Pour ne pas compliquer les choses, arrêtons-nous simplement
au pape Pie XII.
Loin d'attaquer Platon, comme le fait constamment Monsieur
Couvert, le Pasteur angélique en parle comme d'un « génie » (15 juillet
1950) et même d'un « incomparable génie » (19 septembre 1951) aux « nobles
idées » (5 mai 1943), qu'avec Socrate et Aristote il désigne comme une «
lumineuse constellation au zénith de la pensée humaine » (3 janvier 1951),
laquelle élabora des « concepts philosophiques auxquels les vérités sublimes
de la foi chrétienne purent se rattacher » (7 septembre 1958).
Loin de taxer Origène de « gnose », Pie XII le cite avec
honneur parmi les Pères de l'Église, comme une référence de qualité (par
exemple, 20 avril 1941, 22 février 1944, 2 février 1947, 21 novembre 1950, 11
octobre 1954).
Loin de traiter Joseph de Maistre d'illuministe, Pie XII le
cite longuement et avec honneur le 16 avril 1949, dans un contexte qui manifeste
qu'il le lisait avec beaucoup d'attention et d'intérêt.
Loin de voir Ozanam comme l'adepte d'un « monstrueux œcuménisme
», le souverain pontife ne tarit pas d'éloges à son sujet, le qualifiant de
« grand » (15 avril 1946), « grand modèle de charité chrétienne » (12
octobre 1947), « grand apôtre laïc du XIXe siècle » (27 avril
1952), « admirable apôtre de la charité » (8 décembre 1955).