Tel n'est pas le cas de la « gnose » décrite par les Cahiers
Barruel et par Monsieur Couvert. Cette « gnose » ne serait pas, en effet,
une erreur nouvelle et imprévue, puisqu'on la fait remonter au Déluge, voire
au Non serviam, et qu'elle serait parallèle à toute la vie de
l'Église : il devrait donc exister des « auteurs approuvés »
susceptibles d'appuyer de leur autorité les affirmations des Cahiers Barruel
et de Monsieur Couvert.
A priori, ces « auteurs approuvés » devraient même être
fort nombreux, vu l'ampleur du phénomène de la « gnose » tel que le
décrivent les Cahiers Barruel et Monsieur Couvert, vu sa terrible
gravité doctrinale, vu la facilité à la découvrir (puisque trois laïcs sans
culture particulière ont pu détecter cette « gnose »).
Et il y a bien, dans le cas présent, une obligation de
proposer des « auteurs approuvés » appuyant les dires des Cahiers Barruel et
de Monsieur Couvert, dans la mesure où leur dénonciation d'une erreur nommée
« gnose », telle qu'ils la pratiquent, produit sur l'esprit du profane une
vive impression de nouveauté : il lui semble n'avoir jamais entendu parler
d'une telle chose.
Mais si les Cahiers Barruel ne peuvent apporter aucun
« auteur approuvé » qui ait soutenu avant eux leur thèse apparemment
nouvelle sur la « gnose », nous devons la rejeter sans pitié, au seul motif
de sa nouveauté dans l'Église. La prescription canonique joue contre eux, leur
nouveauté les condamne a priori, un vrai catholique doit tenir leurs
affirmations pour suspectes et fausses (cf. Tertullien, Traité de la
prescription contre les hérétiques).