Monsieur Vaquié cite le texte de la Genèse (3, 16) comme
s'il y était écrit : Multiplicabo conceptus tuos, alors qu'il y
est écrit en réalité : Multiplicabo aerumnas tuas et conceptus tuos. Par
cette dislocation de la phrase, il s'oppose au sens reçu par l'exégèse
catholique, qui fait résider le châtiment dans la multiplication des douleurs
de la grossesse, et certainement pas, comme le voudrait Monsieur Vaquié, dans
la multiplication des grossesses elles-mêmes, lesquelles ont toujours été
considérées au contraire comme une bénédiction divine.
Voici quelques textes, de nouveau choisis parmi des milliers
d'autres possibles, pour manifester cette exégèse commune.
« Je vous affligerai de plusieurs maux pendant votre
grossesse » (traduction Le Maistre de Saci). « Je multiplierai tes
souffrances, et spécialement celles de ta grossesse » (traduction Crampon
1930). « J'aggraverai le travail de ta grossesse » (traduction Crampon 1960).
« Je multiplierai les peines de tes grossesses » (Traduction Bible de
Jérusalem). « J'augmenterai la souffrance de tes grossesses » (traduction
Bible protestante Segond). « Je t'affligerai de plusieurs maux ; tu
enfanteras dans la douleur » (Comtesse de Ségur, Bible d'une grand-mère).
« Eve a été punie par les peines qu'elle devra supporter
en portant l'enfant conçu ; et c'est ce que signifie ce que dit la
Genèse : Multiplicabo aerumnas tuas et conceptus tuos » (saint
Thomas d'Aquin, Somme théologique, II-II, q. 164, a. 2). « La
multiplication des grossesses est pour Eve une peine, non pas à cause de la
conception elle-même des enfants, qui existait avant le péché ; mais à
cause de la multiplicité de souffrances que la femme supporte du fait qu'elle
porte un enfant ; c'est pourquoi les deux sont joints
significativement : Multiplicabo aerumnas tuas et conceptus tuos » (Somme
théologique, II-II, q. 164, a. 2, ad 2).
« Eve est punie comme mère et comme épouse. Elle subira
les incommodités de la grossesse et les douleurs de l'enfantement » (Eugène
Mangenot, « Eve », Dictionnaire de théologie catholique, V, 1650). «
La femme sera punie dans ce qui lui est le plus intime, dans sa qualité
d'épouse et de mère : "Je multiplierai tes souffrances et
spécialement celles de ta grossesse" » (Auguste Gaudel, « Péché
originel », Dictionnaire de théologie catholique, XIII, 277-278).
« L'exégèse catholique voit habituellement dans
l'expression : "Je multiplierai tes douleurs et tes
enfantements" une figure appelée "hendiadys", et il faut
comprendre : "Je multiplierai les douleurs de tes
enfantements" » (Sel de la terre 39, p. 261).