Cet « autodidactisme » des auteurs des Cahiers Barruel nous
semble être, salvo meliore judicio, l'origine première des déficiences
que nous avons relevées dans leur production intellectuelle : il engendre
en effet une méthode de travail inadéquate, qui entraîne elle-même, de
façon quasi nécessaire, des erreurs.
Les auteurs des Cahiers Barruel, sans doute effrayés
par les multiples erreurs qu'ils voyaient grossir autour d'eux, et désireux de
porter secours aux âmes trompées et égarées, ont entrepris, avec une réelle
bonne volonté et un zèle certain, de les combattre de la plus énergique
façon. Cette bonne volonté, ce zèle, nous voulons encore une fois les
reconnaître et les louer car, même si le service de la vérité nous contraint
d'émettre des critiques, celles-ci n'enlèvent rien au respect que nous devons
porter aux auteurs des Cahiers Barruel.
Mais, pour reprendre une expression de saint Pie X à
l'égard d'hommes dont il saluait « les âmes élevées, supérieures aux
passions vulgaires et animées du plus noble enthousiasme pour le bien », les
auteurs des Cahiers Barruel, nonobstant leur bonne volonté et leur
zèle, n'étaient pas « suffisamment armés de science historique, de saine
philosophie et de forte théologie pour affronter sans péril les difficiles
problèmes vers lesquels ils étaient entraînés par leur activité et leur cœur ».
Monsieur Couvert et les auteurs des Cahiers Barruel ont
ainsi beaucoup travaillé, beaucoup écrit. Mais c'était de façon inadéquate,
ce qui les a conduits à l'illusion, et même carrément à l'erreur.
« Ils ont fait de grands pas, malheureusement en dehors de
la bonne voie », disaient les Anciens dans une de ces formules ramassées dont
ils avaient le secret : « Currunt, sed extra viam » (saint
Bernard, De diligendoDeo, VIII,20).