Vous
publiez donc ce livre parce que, dix ans après les premières mises en
garde, vous estimez que rien n’a changé ?
Pas
seulement. En fait, à partir du numéro de Certitudes
de 2000, Couvert commence à accuser ceux qui ne partagent pas ses thèses,
et notamment plusieurs prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, d’être
des gnostiques. Dans cet entretien de juin 2003 avec la librairie
Saint-Louis, il affirme : « Les prêtres de la Fraternité
Saint-Pie X qui m’ont agressé si violemment participent à une opération
de noyautage des traditionalistes par la Nouvelle Droite néo-nazi, néo-païenne
et néo-gnostique qui pénètre dans tous les mouvements de droite. Ce
sont des “taupes” depuis longtemps déjà. Vous avez pu remarquer
qu’ils sont tout-puissants, inamovibles, maîtres des publications de
la Fraternité. Nier la pérennité de la Gnose, pour eux, ce n’est
pas être aveugles devant l’évidence, c’est être complices d’une
opération destructrice de la foi. » Dans le même entretien,
Couvert met en cause les supérieurs de la Fraternité Saint-Pie X
pour leur incurie, voire leur complicité, face au devoir qu’ils
auraient de « purger la Fraternité de ses éléments gnostiques
infiltrés ».
L’ami
et le disciple de Couvert, Philippe Ploncard d’Assac, reprend et
amplifie ces accusations, d’abord dans sa lettre La
Politique, puis dans son ouvrage Enquête
sur la Nouvelle Droite et ses compagnons de route (2003). Il y
accuse notamment les abbés Bouchacourt, Celier, Héry, Lorans, de Tanoüarn,
d’être « les tenants d’un pseudo-gnosticisme chrétien »,
de tenir une « ligne ésotérico-gnostique, crypto-maçonnique »,
d’être des « abbés gnostiques », de faire « l’apologie
de la gnose », d’être « la composante gnostique, prétendument
catholique » des « compagnons de route de la Nouvelle Droite
», de « favoriser la tendance athée, païenne et ésotérico-gnostique »,
de « nier l’action de la maçonnerie et l’action de Satan dans
le monde », d’être les « défenseurs de la gnose et les négateurs
du complot maçonnique ».
Philippe
Ploncard d’Assac n’hésite même pas à accuser Mgr Tissier de
Mallerais (Enquête sur la Nouvelle Droite… p. 73) de faire des «
appels du pied aux francs-maçons, utilisant Mgr Lefebvre comme
paravent de la manœuvre ». Il met également en cause la hiérarchie
de la Fraternité Saint-Pie X, qui « laisse écrire et
diffuser de pareilles thèses, aux antipodes de ce qu’elle prétend défendre »,
et il émet l’hypothèse que « la Fraternité Saint-Pie X
est, à son tour, victime du même processus d’infiltration maçonnique
que l’Église conciliaire qu’elle prétend dénoncer »,
infiltration devant laquelle la hiérarchie de la Fraternité « ne réagit
pas », bien qu’elle ne puisse « invoquer l’ignorance ».
Ces
accusations contre la Fraternité Saint-Pie X sont encore reprises
par Couvert et Ploncard d’Assac dans une série de conférences données
sous le titre « La Gnose, cheval de Troie de la maçonnerie »,
notamment le 29 mars 2003 à Lyon, le 26 avril 2003 à Paris et le 22
mai 2003 à Tours.
C’est
dans ce contexte que La paille et
le sycomore a été publié, la sortie du livre ayant été
plusieurs fois retardée dans l’espoir que la situation s’améliore
d’elle-même. |