Débat d'idées, certes ! Mais à propos de quelle pensée, de quelle doctrine, de quelle œuvre ? Très précisément, à propos de la notion moderne de « gnose », proposée par les Cahiers Barruel, spécialement par son représentant le plus connu à ce sujet, Etienne Couvert.
Lorsque se fondent, en 1978, les Cahiers Barbier, devenus rapidement les Cahiers Barruel, le propos paraît assez classique : dénoncer les forces ennemies de l'Église et de la société, qu'il s'agisse de la « Révolution » (on se souvient que les Cahiers Barruel étaient l'organe du Centre d'études et de recherches sur la pénétration et le développement de la Révolution dans le Christianisme), de la franc-maçonnerie, des « novateurs » et du « droit nouveau » (pour parler comme les papes contre-révolutionnaires), etc.
On reste apparemment dans un registre bien connu, car il n'a pas manqué, au XIXe comme au XXe siècles, d'excellentes revues dénonçant ces fléaux intellectuels et moraux. Dans cette hypothèse, les articles parus dans les Cahiers Barruel auraient dû être jugés indépendamment les uns des autres, en fonction de la valeur de leur argumentation.
Cependant, dès le troisième numéro des Cahiers Barruel, une notion inédite fait son entrée, celle de la « gnose ». Elle prend peu à peu de l'importance, au point de devenir le nœud de tout le travail des Cahiers Barruel, son principe explicatif central. En 1983, cette nouvelle clé explicative sort du modeste cercle des lecteurs des Cahiers Barruel, lorsque Monsieur Couvert publie son premier ouvrage intitulé De la gnose à l'œcuménisme. Le caractère central de cette nouvelle notion de « gnose » se dévoile progressivement, puisqu'en 1989 Monsieur Couvert dénonce La gnose contre la foi et qu'enfin, en 1993, il n'hésite plus à parler de
La gnose universelle.
Cette notion de « gnose » est donc l'apport spécifique de l'école des Cahiers Barruel à la réflexion sur les forces ennemies de l'Église et de la société.