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La paille et le sycomore

Avertissement de l'éditeur 

Prologue

Le silence du Magistère

Les apologistes de M. Couvert

E. Couvert contre les papes 

L'impossibilité intellectuelle

L'argument de prescription

Des erreurs graves

Des questions troublantes

D'où viennent tant d'erreurs ?

"Paul Sernine répond à ses lecteurs" - Ed. Zébu, 2004

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L'argument du silence

Le père Thonnard, dans son Précis de philosophie, traitant de la philosophie des sciences et arrivant à l'histoire, décrit ainsi l'instrument de preuve intitulé « argument du silence » :

« L'argument du silence, dit-il, est cette forme de raisonnement par lequel on infère, de ce qu'un fait n'est mentionné dans aucun témoignage, qu'il n'a pas existé. Pris dans sa généralité, cet argument n'a évidemment aucune valeur, car il suppose que tous les événements sont notés et que nous possédons tous les témoignages relatifs à un fait, ce qui n'est pas vrai. Mais par rapport à un auteur particulier, il peut être probant à trois conditions : s'il est évident que l'auteur pouvait connaître facilement ce fait ; qu'il devait en faire mention dans son récit, étant donné son but ; qu'il n'en a été empêché par aucune cause. En ce cas, l'écrivain est assimilé en quelque sorte à une cause nécessaire, qui produit automatiquement son effet : si l'effet n'est pas présent, c'est que la cause n'existe pas » (F. J. Thonnard, Précis de philosophie, Desclée, 1950, pp. 169-170).

Monsieur Couvert a d'ailleurs lui-même fait allusion au caractère probant de l'argument du silence en histoire, dans une lettre polémique adressée au frère Bruno Bonnet-Eymard : « Le nom des Esséniens n'apparaît nulle part, ni dans l'Ancien Testament, ni dans le Nouveau. Voilà qui "fait problème". Il faudra expliquer adéquatement ce silence total de toute la tradition juive et chrétienne. J'attends toujours cette explication... » (La gnose en question, pp. 119-120).

Appliquons cette description au Magistère catholique en ce qui concerne la « gnose » proposée par les Cahiers Barruel. Il est clair que le Magistère pouvait facilement connaître l'existence de cette « gnose », étant donné que trois laïcs sans culture particulière ont pu sans difficulté la découvrir. Il est clair que le Magistère devait en faire mention, son but étant de dénoncer l'erreur afin d'en prémunir les âmes. Il est clair que le Magistère n’en a pas été empêché, sauf à dire que sur des centaines d'années, des dizaines de papes différents, parfois personnellement opposés, en tout cas dissemblables de formation, de tempérament, de conception, ont subi un même et unique empêchement sur une matière aussi grave, ce qui est ridicule. En conséquence, si le Magistère ne parle pas de cette « gnose », cela signifie qu'à ses yeux elle n'existe pas.

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