Or, si le Magistère de l'Église a bien condamné, dans les
premiers siècles, la gnose historique, celle de Marcion ou de Valentin, en
revanche il n'a jamais utilise le mot « gnose » au sens où l'entendent les Cahiers
Barruel, ni n'a dénoncé (au besoin sous un nom différent) une erreur
maîtresse traversant les siècles en causant, en rassemblant et en expliquant
toutes les erreurs de l'histoire de l'humanité (sens que donnent au mot «
gnose » les Cahiers Barruel).
Les condamnations de la gnose historique par le Magistère
sont claires et faciles à trouver, bien que se concentrant principalement, bien
sûr, dans les premiers siècles, lorsque sévissait cette gnose historique.
Ouvrons l'index de l’Enchiridion de Denzinger :
le mot « gnosis » n'y figure pas. Le mot « gnostici » y figure
deux fois, d'une part pour le concile de Braga en 561, condamnant un certain
nombre d'hérétiques, dont les fauteurs de la gnose historique, d'autre part
pour une réponse de la Commission biblique en 1913, parlant des fauteurs de la
gnose historique à propos de l'authenticité des épîtres de saint Paul. On
trouve également mention dans cet index des chefs de la gnose historique,
notamment Cerdon, Cérinthe, Marcion et Valentin, condamnés par les papes et
les conciles des premiers siècles.
Ouvrons l'index du Thésaurus doctrinae catholicae de
Cavallera : le mot « gnostici » y figure exclusivement dans
l'encyclique Arcanum de Léon XIII, au cours d'une énumération
d'anciens hérétiques (« gnostiques, manichéens, montanistes ») qui se
situent « dans les premiers temps du christianisme » et s'opposaient au
mariage.
De même, Pie XII parle des « tendances gnostiques,
faussement spiritualistes et puritaines », à propos notamment du mariage et en
référence à la gnose historique (discours du 7 septembre 1955).
En revanche, nous n'avons, de la part du Magistère
pontifical, aucune dénonciation précise et un peu organisée d'une hérésie
ou d'un courant d'idées causant, rassemblant et expliquant toutes les erreurs
de l'histoire de l'humanité, que cela soit sous le nom de « gnose » ou sous
un autre nom. Il n'existe aucune dénonciation de ce type, ni dans
l'enseignement pontifical ancien, ni dans l'enseignement pontifical
post-révolutionnaire.
Ainsi, le Magistère fait entièrement silence sur cette «
gnose » (qu'il s'agisse, répétons-le, du nom ou de la chose) proposée par
les Cahiers Barruel.
Or, le Magistère pouvait évidemment connaître
l'existence de cette « gnose », si elle avait existé : pour ne citer que
les plus récents, Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV, Pie XI et Pie
XII sont tout de même d'une acuité théologique largement supérieure à MM.
Couvert, Raynal et Vaquié, lesquels ont découvert sans difficulté
particulière cette « gnose ».
Le Magistère n’était pas empêché de dénoncer
cette « gnose ». A moins peut-être d'affirmer que le Magistère est, lui
aussi, contaminé depuis des siècles par la « gnose » ? Nous pensons que
Monsieur Couvert n'oserait soutenir une telle affirmation.