Dernière échappatoire, alors : prétendre que le
Magistère, n'ayant pas l'obligation de dénoncer une telle erreur, ne l'a
effectivement pas fait, ce qui expliquerait son silence.
Mais une telle affirmation contredit radicalement l'action du
Magistère telle qu'elle se manifeste dans l'histoire. En effet, les souverains
pontifes ont toujours pris soin de dénoncer minutieusement les erreurs
menaçant la foi des fidèles, et de retracer avec une grande précision la «
généalogie » de ces erreurs.
Concernant la dénonciation directe des erreurs, nous avons
(entre autres) des dénonciations précises et circonstanciées du
protestantisme, du libéralisme, du communisme, du socialisme, de la
franc-maçonnerie, de l'œcuménisme, de la fausse mystique, du laxisme moral,
du rigorisme moral, du jansénisme, du modernisme, du sillonisme, de la «
nouvelle théologie », du teilhardisme, etc. Il suffit pour s'en convaincre de
feuilleter le Denzinger.
Concernant la « généalogie » des erreurs, c'est-à-dire
le fait de rattacher à leurs causes lointaines les erreurs les plus récentes,
prenons, à titre d'exemple, les dix premières années du pontificat de Léon
XIII (1878-1888). Nous constatons que le pape indique très exactement comme
sources des erreurs contemporaines les « novateurs du XVIe siècle
», le « droit nouveau » du XVIIIe siècle, les « sectes secrètes
», les « naturalistes » et le « socialisme ». Pas moins, mais pas
plus. Il n'est donc pas question de la « gnose » (ni du mot, ni de la chose).
Léon XIII dénonce ainsi les « novateurs du XVIe siècle
» dans Quod apostolici, dans AEterni Patris, dans Diuturnum, dans
Saepenumero considerantes, dans Immortale Dei (Actes ï pp. 29,
69, 143, 155 et 199 ; II p.33).
Il dénonce le « droit nouveau » du XVIIIe
siècle dans Quod apostolici, dans Diuturnum, dans Nobilissima
Gallorum gens, dans Immortale Dei (Actes I pp. 31, 143, 157 et
229 ; II pp. 19 et 33).
Il dénonce les « sectes secrètes » dans Quod
apostolici, dans Diuturnum, dans Nobilissima Gallorum gens, dans
Humanum genus, dans Quod multum, dans Officio sanctissimo, dans
EtsiNos, dans la lettre au cardinal Rampolla (Actes I pp. 31,
157-159, 229, 245 ; II pp. 87 et 137 ; VII pp. 27 et 78).
Il dénonce les « naturalistes » dans Arcanum divinœ
sapientiœ, dans Auspicato concessum, dans Quod multum, dans Officio sanctissimo,
dans Libertas, dans Exeunte jam anno (Actes I pp. 89 et 175 ; El pp. 87,
127, 187 et 233).
Il dénonce le « socialisme » dans Quod apostolici, dans
Diuturnum, dans Auspicato concessum, dans Quod multum, dans
Exeunte jam anno, dans Licet multa (Actes I pp. 27, 157 et
175 ; II pp. 89 et 233 ; VII p. 23).
Encore une fois, pas trace de la « gnose ». Et nous
pourrions sans difficulté faire une étude semblable pour les quinze autres
années de son pontificat, ainsi que pour tous les papes des deux derniers
siècles. Nous n'y trouverions pas non plus d'allusion à la « gnose ».