Je voudrais commencer par dire que, de même que j'estime
Chiré, je lis très régulièrement et avec beaucoup d'intérêt la revue le Sel
de la terre. Le fait de critiquer un passage d'un article de cette revue
n'implique donc aucun mépris ou animosité à son égard.
Le Sel de la terre entend résumer l'argument du
silence dans l'affirmation suivante : « Certains disent que la gnose
n'existe pas, car l'Église n'en parle pas dans ses textes officiels » (Sel
de la terre 37, p. 130).
Ce résumé ne rend pas vraiment compte de notre objection.
Pour être exact, il faudrait la formuler ainsi : « Certains disent que la
gnose n'existe pas, car l'Église n'en parle pas dans ses textes officiels,
alors qu'elle pouvait en parler, qu'elle devait le faire et
qu'elle n'en a pas été empêchée. »
Le Sel de la terre oppose à cet argument une
première réponse : « Les Pères de l'Église, les papes, les
théologiens ont condamné de nombreuses fois les pensées de la gnose, et en
ont reconnu l'importance : ce n'est pas un hasard si le pape Pie IX a mis
comme première proposition condamnée par le Syllabus une proposition
manifestement gnostique. »
Cette affirmation est une pure et simple pétition de
principe, « faute logique par laquelle on tient pour admise, sous une forme un
peu différente, la proposition même qu'il s'agit de démontrer » (Petit
Robert). Les Pères de l'Église, les papes, les théologiens ont condamné
de nombreuses erreurs, cela est parfaitement vrai, et nous le proclamons avec le
Sel de la terre. Les Pères de l'Église, les papes, les théologiens ont
condamné la « gnose » (qu'il s'agisse du nom lui-même ou qu'il s'agisse de
la chose), c'est-à-dire cette thèse qui ramène toutes les erreurs à un
unique système, à un unique principe, cela est absolument faux, et nous le
nions sans ambages.