Comme nous l'avons vu, on ne peut trouver chez les papes
aucune citation, ni même aucune allusion à une « gnose » qui fédérerait
toutes les erreurs et en serait la source. Tel est l'énoncé de « l'argument
du silence », le plus fondamental, à nos yeux, contre la théorie des Cahiers
Barruel et de Monsieur Couvert.
Mais il faut aller plus loin. Monsieur Couvert a désigné,
comme appartenant à la « gnose », des auteurs et des courants d'idées dont
nous avons cité quelques-uns dans le prologue du présent ouvrage, lors de
notre description sommaire de la « gnose ».
Certains de ces personnages ou de ces mouvements ont été
condamnés explicitement par l'Église : Arius, le manichéisme, Joachim de
Flore, Descartes (ses œuvres sont à l'Index), Spinoza (idem), la
franc-maçonnerie, le marxisme, etc.
D'autres ont été condamnés implicitement, car se
rattachant à d'autres erreurs : la Kabbale, l'islam, Hegel, la
psychanalyse, la « Nouvelle Droite », le New Age, etc.
Mais certains noms ne manquent pas d'étonner, en ce qu'ils
évoquent plutôt des gloires de l'Église ou d'utiles apologètes. Citons
notamment Platon, saint Denys l'Aréopagite, Origène, Maître Eckart, Ronsard,
le cardinal Bessarion, Fénelon, Joseph de Maistre, Louis de Bonald,
Chateaubriand, Blanc de Saint-Bonnet, Ozanam. Les souvenirs qui nous restent de
la lecture des textes des papes nous paraissent peu en harmonie avec les
affirmations de Monsieur Couvert, condamnant de façon tranchante et définitive
ces auteurs comme fauteurs de la « gnose » et naufrageurs de la vraie foi.
C'est pourquoi il nous semble nécessaire d'aller rafraîchir ces souvenirs au
contact des textes eux-mêmes, afin de vérifier si le jugement des papes
correspond à celui de Monsieur Couvert.