Monsieur Couvert dénonce donc Dante comme «
gnostique ». Or, cette condamnation de Dante ne correspond nullement à
l'avis du bienheureux Pie IX. Dans une brochure publiée par Louis Veuillot vers
1866-1867 sous le titre Pie IX (cf. Œuvres complètes, Lethielleux,
1924-1940, X, p. 409), relatant le voyage de Pie IX à travers les États
pontificaux, le grand journaliste catholique écrit : « A Ravenne, il
rendit, comme tout bon Italien, sa visite au mausolée du Dante, et sur le
livre, où l'on désirait garder sa signature, il laissa en souriant cette
terzine de la Divina commedia :
Non è il mondan romore, altro che un fiato
Di vento, ch'or vien quinci, or vien quindi,
E muta nome, perché muta lato »
Pour le pape du Syllabus, Dante était donc, non pas
un gnostique, selon les affirmations d'Etienne Couvert, mais un auteur
catholique qu'il voulait vénérer et dont il connaissait par cœur de nombreux
vers.
Cette condamnation de Dante par Monsieur Couvert ne
correspond nullement à l'enseignement de Léon XÏÏI qui fait honneur à
Dante, dans son encyclique du 17 septembre 1882 sur le tiers-ordre franciscain,
« d'avoir puisé dans saint François d'Assise une matière pour ses chants
sublimes et suaves à la fois ».
Cette condamnation de Dante par Monsieur Couvert ne
correspond nullement à l'enseignement de saint Pie X qui fit écrire, le 16
juillet 1912, par le cardinal de Lai, secrétaire de la Congrégation
consistoriale, une lettre aux évêques d'Italie à propos de la formation des
séminaristes, demandant que, dans l'enseignement de l'histoire ecclésiastique,
« la narration des faits ne soit pas distincte de ces hautes considérations
philosophiques dont saint Augustin, Dante, Bossuet furent les maîtres ».