Même le pape Paul VI s'inscrit dans la lignée des papes qui
ont loué Dante pour sa foi catholique. Certes, ce pontife est plus que suspect
pour sa participation active à « l'auto-démolition de l'Église ».
Néanmoins, sur ce point, il ne fait que se rattacher à une tradition
pontificale dont nous venons de constater la persistance.
A l'occasion du septième centenaire de la naissance de
Dante, Paul VI parle de la « foi chrétienne qui, chez l’Alighieri, s'est
révélée à un si haut point comme une source d'art et de culture venant des
splendeurs de la vérité divine » (lettre à l'archevêque de Ravenne du 14
mars 1965, DC 1456, 3 octobre 1965, col. 1681). Il entend « exalter en
lui celui qui a chanté d'une façon si sublime la puissante inspiration et
l'aliment vivifiant qu'a été la foi catholique pour son existence difficile et
pour sa poésie élevée » (lettre à l'archevêque de Florence du 23 avril
1965, DC 1456, 3 octobre 1965, col. 1681).
« Par l'incomparable témoignage de son œuvre, Dante
Alighieri a fait honneur à son baptême d'une façon toute spéciale. En
élargissant sans cesse les horizons de sa vision poétique qui,
progressivement, l'ont conduit à une synthèse puissante et sûre de toute la
Création et de toute la vie humaine considérées sous le regard de Dieu, il a
vécu les solennels engagements de son baptême dans un effort de cohérence
entre la pensée et la vie, dans la lumière des vertus théologales
célébrées en trois chants. (...) Le poète, dans la lumière de Dieu, (...)
juge l'action des hommes selon les règles immuables données par la doctrine
catholique. C'est toute l'Église avec ses saints, ses rites, ses sacrements que
l'on sent vivre dans les pages de ce poème rendues encore plus précieuses par
la tendre et virile dévotion mariale que l'on y sent » (lettre au cardinal
Secrétaire d'État du 5 novembre 1965, DC 1460, 5 décembre 1965, col.
2055-2056).
Paul VI a notamment, le 7 décembre 1965, consacré à Dante
le Motu proprio Altissimi cantus, qui remplit seize grandes pages des Acta
Apostolicae Sedis (AAS LVÏÏI, 31 janvier 1966, pp. 22-37). Le pontife y
classe Dante parmi les plus éminents poètes chrétiens avec « Prudence, saint
Ephrem, saint Grégoire de Naziance, saint Ambroise, saint Paulin de Noie, saint
André de Crète, Romain le Mélode, Venance Fortunat, Adam de Saint-Victor,
saint Jean de la Croix ». Il y affirme nettement : « Dante Alighieri
est nôtre par droit principal : nôtre par sa religion catholique, parce
que son amour se porte sur le Christ ; nôtre parce qu'il aimait
profondément l'Église, qu'il a admirablement chantée ; nôtre parce
qu'il reconnaissait dans le pontife romain le Vicaire sur la terre du Christ. »