Le miracle (ou sa contrefaçon diabolique, le prodige) est,
selon sa définition, « un fait extraordinaire se réalisant en dehors des lois
ordinaires de la Nature ». Le miracle ne peut donc être un principe
d'explication ordinaire, « scientifique » (dans le sens où il pourrait
être répété, « les mêmes causes produisant les mêmes effets »). D serait
absolument contraire à l'enseignement de saint Thomas d'Aquin de vouloir
expliquer le fonctionnement régulier des choses par le miracle.
Nous savons, par l'attestation du concile Vatican I dans Dei
Filius, que l'unité perpétuelle de l'Église, fruit des promesses du
Rédempteur et nécessaire au salut des hommes, est un miracle au sens propre.
Mais il n'y a aucune raison de croire que les multiples erreurs issues des
esprits humains corrompus au cours de l'histoire de l'humanité aient
bénéficié d'un miracle (d'un prodige, plus exactement) capable de leur
conférer une unité plus grande encore que celle de l'Église. Or, en dehors
d'un miracle ou prodige (qui n'est pas une explication, ne peut pas l'être et
ne doit pas être accepté comme telle dans une discussion sérieuse), «
l'unité transcendentale de l'erreur » que nous proposent les Cahiers
Barruel et Monsieur Couvert est rigoureusement impossible. Tel est
l'argument de « l'impossibilité intellectuelle et psychologique ».