Le Sel de la terre pose ensuite la question : «
Quelles sont les grandes lignes de la gnose ? » et il répond : «
Elles sont les fruits de l'orgueil, qui est le trait caractéristique du démon.
»
La difficulté est que le Sel de la terre nous décrit
alors plusieurs formes différentes d'orgueil, qui elles-mêmes « se
manifestent de manières diverses ». Il y aurait ainsi « l'orgueil de
l'esprit, qui refuse de se soumettre à la vérité révélée. Cela se
manifeste de manières diverses : chez certains ce sera le rationalisme
(...), chez d'autres la recherche d'une connaissance supérieure par des moyens
superstitieux (...). Il y a une autre forme d'orgueil qui consiste à diviser
les hommes en castes, ou en catégories différentes (...).!! y a enfin une
autre forme d'orgueil qui consiste à refuser de se reconnaître pécheur. Le
moyen le plus simple est de nier la responsabilité de l'homme dans le péché
(par exemple en niant la liberté de l'homme). »
En prétendant nous présenter une doctrine commune de la «
gnose » (au moins dans ses « grandes lignes »), cette demi-page de la revue
nous propose déjà quatre doctrines substantiellement différentes. Et il ne
s'agit que d'une sélection : en effet, concernant la quatrième doctrine
(« refuser de se reconnaître pécheur »), la revue ne signale que « le moyen
le plus simple » (il y aurait donc d'autres moyens, plus complexes) dont « un
exemple » est la négation de la liberté (il existerait donc d'autres
exemples).
Une telle description est l'exact opposé de la proposition
qu'elle est chargée de démontrer, à savoir que la « gnose » posséderait
une doctrine commune, fût-ce « dans les grandes lignes ».