Mais la demi-page suivante accroît encore l'incohérence, en
posant la question : « La gnose est-elle dualiste ? » Au moins, si
la réponse s'avère positive, aurons-nous un point de doctrine universel et
constant.
La revue semble d'abord partir dans cette direction : «
En apparence oui [la gnose est dualiste], du moins dans certains systèmes comme
le manichéisme. » Mais cette réponse ne laisse pas d'être inquiétante pour
la suite, puisqu'on semble rester dans les « apparences » et que, de plus,
cela ne vise que « certains systèmes ».
Effectivement, la suite contredit radicalement cette
première approche : « Mais il ne s'agit que d'une apparence (...). Voila
pourquoi les grands initiés, comme René Guenon, sont des monistes. Et c'est
aussi pourquoi la gnose s'attaque au principe d'identité, et cherche à faire
croire que l'être et le non-être peuvent s'identifier (et le bien avec le
mal). C'est le fond de la philosophie moderne (pensez à la dialectique de
Hegel), et donc du modernisme. »
Donc le vrai fond de la « gnose » serait le monisme. Ainsi,
le manichéisme, toujours et constamment décrit comme dualiste, soit
n'appartiendrait pas à la « gnose » (c'est pourtant l'un des plus importants
fleurons, sinon le principal, de la « gnose » des Cahiers Barruel et de
Monsieur Couvert), soit ne serait pas dualiste (et alors, toutes les autorités
citées par les Cahiers Barruel, par Monsieur Couvert et par le dossier
historique de Lecture et Tradition de juillet-août 2001 se trouveraient
disqualifiées sur ce point central).