Cependant, le dossier de Lecture et Tradition apporte
en sa faveur une citation du livre de l'abbé Barbier : « Dans la suite
des siècles, les sectes occultes qui se formèrent au sein du christianisme, et
la franc-maçonnerie elle-même, n'offrirent presque toutes qu'une adaptation
plus ou moins grossière des erreurs gnostiques à l'état contemporain de la
science religieuse et profane, et souvent en revendiquèrent la tradition comme
leur propre héritage » (pp. 40-41).
Ici aussi, la première lecture peut impressionner. Mais
examinons les choses avec soin. L'abbé Barbier rejoint-il en ce fragment la
thèse des Cahiers Barruel et de Monsieur Couvert sur la « gnose
» ? Autrement dit, affirme-t-il qu'en toute erreur « il y a une clé...
et c'est la "gnose" » (La gnose contre la foi, p. 161) ?
Évidemment pas. L'abbé Barbier ne relie à la gnose que «
les sectes occultes qui se formèrent au sein du christianisme ». Il ne
relie nullement à la gnose les sectes occultes formées hors du christianisme,
ni les sectes non occultes formées au sein du christianisme.
H précise, de plus, que ce ne fut pas le cas de toutes ces
« sectes occultes qui se formèrent au sein du christianisme », mais seulement
de « presque toutes ».
Là donc où les Cahiers Barruel et Monsieur Couvert
affirment que toutes les erreurs, absolument toutes, sont liées à la « gnose
», l'abbé Barbier n'y rattache que presque toutes les sectes occultes
formées au sein du christianisme.
Pour prendre un exemple concret : on ne peut équiparer presque
toutes les personnes de race blanche professant le christianisme (soit
quelques centaines de millions d'hommes) avec tous les hommes (soit plus
de six milliards de personnes).
Le gouffre qui sépare ces deux affirmations est celui qui
distingue la thèse classique de l'abbé Barbier (la gnose des premiers
siècles, d'une part est à l'origine historique de plusieurs mouvements
d'erreur, d'autre part présente des similitudes doctrinales avec d'autres
mouvements d'erreur en raison des « inévitabilités » intellectuelles) de la
thèse absolument inédite des Cahiers Barruel et de Monsieur
Couvert : en toute erreur « il y a une clé... et c'est la
"gnose" ».