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La paille et le sycomore

Avertissement de l'éditeur 

Prologue

Le silence du Magistère

Les apologistes de M. Couvert

E. Couvert contre les papes 

L'impossibilité intellectuelle

L'argument de prescription

Des erreurs graves

Des questions troublantes

D'où viennent tant d'erreurs ?

"Paul Sernine répond à ses lecteurs" - Ed. Zébu, 2004

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Le manuel des confesseurs

Au numéro 15 des Cahiers Barruel était joint un tract d'un organisme lié aux Cahiers, l'Association Sainte-Véronique. Sis également à Lyon, ce groupement avait pour but « de reproduire et diffuser des livres très rares et essentiels pour fortifier notre foi et mieux connaître l'ennemi ». Un des livres proposés sur ce tract (encouragé par les Cahiers Barruel) était celui de Mgr Gaume intitulé Le Manuel des confesseurs. La raison de cette réédition était donnée : « Le meilleur et le plus pratique [des livres du confesseur] à une époque où trouver un bon confesseur est impossible. »

Or, tout séminariste commençant sa théologie morale apprend que les livres du confesseur sont... pour le confesseur et pas pour le confessé. En d'autres termes, on lui enseigne qu'il n'a pas le droit de se servir pour la direction de sa propre conscience de certaines règles qui sont destinées exclusivement à son rôle de juge sacré. C'est le cas notamment pour ce que l'on nomme « les systèmes moraux ».

Mettre entre les mains de laïcs qui n'ont pas reçu de formation théologique des ouvrages techniques destinés au prêtre, et encore seulement en tant qu'il confesse, c'est ouvrir la porte aux erreurs les plus graves en matière morale, au laxisme le plus dangereux et, finalement, au péché. Cela équivaut à mettre entre les mains des malades les livres techniques du médecin : le malade croira pouvoir se guérir lui-même, usera de médicaments dangereux et finalement mourra.

Il est difficile de concevoir quelque chose de plus aberrant que de répandre dans le grand public un tel ouvrage. Pour la petite histoire, rappelons que la diffusion dans le grand public des « livres du confesseur » a un précédent : il s'agit de l'escroc mythomane et blasphémateur Léo Taxil, qui publia à la fin du siècle dernier dans la Bibliothèque anticléricale un ouvrage intitulé Livres secrets des confesseurs dévoilés aux pères de famille. Le commentaire de Drumont sur cette édition est plein de bon sens chrétien, et nous conseillons à nos lecteurs d'aller le relire (Edouard Drumont, Le testament d'un antisémite, Dentu, 1891, pp. 426-430). Le père Henri Le Floch qui fut, durant de longues années, le directeur du Séminaire français de Rome où l'avait placé le pape saint Pie X, écrit à ce propos dans sa belle vie de Poullart des Places : « Claude Poullart des Places avait soin de prémunir ceux de ses disciples qui étudiaient la théologie morale contre les dangers de cette science qui, mal comprise et mal appliquée, flétrirait dans les âmes la fleur de l'honnêteté native par un singulier amalgame de principes réflexes, de distinctions et de sous-distinctions dépourvues de fondement » (Claude-François Poullart des Places, fondateur du séminaire et de la congrégation du Saint-Esprit, Lethielleux, 1906, p. 370).

De la même façon, les Frères des écoles chrétiennes, éminents éducateurs s'il en fut, écrivent dans leur traité de morale : « Autre est l'étude de la morale, telle que doit la faire le prêtre, chargé par son ministère de diriger les consciences ; autre est l'étude que doivent en faire les simples fidèles. D suffit généralement à ceux-ci de bien connaître les règles communes de la vie chrétienne, et les règles particulières propres à la condition de chacun. Pour l'ordinaire même, il y a plus d'inconvénients que d'avantages, pour les simples fidèles, à vouloir approfondir l'étude de la théologie morale. Il leur convient mieux d'étudier à cette fin les livres écrits pour leur usage et, dans les cas difficiles, de s'en rapporter simplement aux règles pratiques que leur donne un directeur de conscience sage et prudent » (Exposition de la Doctrine chrétienne, réédition Clovis 1990, « La Morale », p. 36, note a).

L'Association Sainte-Véronique qui avait entrepris une telle diffusion, les Cahiers Barruel qui encourageaient et soutenaient cette diffusion, ont assumé en le faisant une très grave responsabilité. Sans compter l'affirmation : « à une époque où trouver un bon confesseur est impossible », qui ne manifeste pas un respect exagéré envers les prêtres restés fidèles.

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