Par ailleurs, cette mésestime de la procréation par
Monsieur Vaquié nous fait souvenir d'une remarque très profonde de Chesterton.
Le rejet du mariage et de la procréation, souligne ce dernier, sous quelque
voile qu'il se présente, est un des signes les plus universels et les plus
certains de l'erreur et de l'hérésie, notamment gnostique ou manichéenne.
« Les catholiques des premiers âges, écrit le grand
apologiste anglais, étaient par-dessus tout désireux d'enseigner qu'ils ne pensaient
pas que l'homme fût essentiellement mauvais ; qu'ils ne pensaient
pas que la vie fût incurablement lamentable ; qu'ils ne pensaient
pas que le mariage fût un péché, ni la procréation une tragédie.
(...) Un homme pouvait marcher à quatre pattes parce qu'il était un
ascète ; il pouvait se tenir jour et nuit sur le sommet d'une colonne et
être pour cela vénéré comme un ascète. Mais s'il déclarait que la
Création était une faute ou le mariage un péché, il n'était plus qu'un
hérétique » (L'Homme étemel, DMM, 1976, pp. 221-222).
Nous n'accusons pas Monsieur Vaquié d'hérésie. Pour
l'être, il faut le vouloir (la pertinacité), et Monsieur Vaquié ne le voulait
certainement pas. Mais, en déclarant que « l'humanité a pullulé outre mesure
», en soutenant que la multiplication des grossesses est un châtiment de Dieu
et en « damnant » pour le simple fait d'être né, bref en déclarant sous
d'autres mots que « la procréation pourrait être une tragédie », Monsieur
Vaquié s'est très dangereusement approché des gnostiques qu'il prétendait
combattre.
Sans doute faut-il faire ici la part de la maladresse
d'expression, bien que celle-ci soit moins excusable lorsqu'un texte a
longuement circulé de façon privée avant l'édition.
Mais on peut et on doit s'étonner que des hommes qui veulent
donner avec tant de hauteur des leçons d'orthodoxie, tombent avec une telle
facilité en des erreurs grossières, maintes et maintes fois condamnées par
l'Église, et absolument étrangères au sens catholique même le moins affiné.