Dans La gnose universelle, paru en 1993 (puis dans ses
ouvrages ultérieurs), à la page « Du même auteur », Monsieur Couvert
indique, outre ses deux précédents volumes sur la « gnose » parus
respectivement en 1983 et en 1989, une contribution à un colloque intitulé «
Révolution Contre-Révolution », tenu à Lyon en 1989 sous la direction de
Bernard Demotz et Jean Haudry, et dont les actes ont été publiés aux
éditions du Porte-Glaive.
Surpris de cette mention, notamment en raison de l'éditeur,
nous avons consulté l'ouvrage de Jean-Yves Camus et René Monzat sur Les
droites nationales et radicales en France. Ce livre consacre une notice aux
Éditions du Porte-Glaive, qui se situent ouvertement dans la mouvance GRECE -
Nouvelle École. Or, cette notice cite la publication universitaire à laquelle
Monsieur Couvert a participé, avec ce commentaire :
« La plus étonnante production des Éditions du
Porte-Glaive est Révolution Contre-Révolution, actes d'un colloque
organisé en mai 1989 par le Centre d'histoire et d'analyse politique de
l'université de Lyon in. Une vingtaine d'auteurs proches du GRECE - en fait le
plus souvent des militants de premier plan (Jean-Paul Allard, Jean Haudry,
Jacques Marlaud, Bernard Notin, Pierre Vial) et des catholiques intégristes
sectateurs les plus convaincus de la théorie du complot (Etienne Couvert,
Brigitte Horiot, Fernand Lafargue, Jean Vaquié) - y explorent les convergences
possibles du discours anti-révolutionnaire des deux courants » (Jean-Yves
Camus et René Monzat, Les droites nationales et radicales en France, Presses
Universitaires de Lyon, 1992, p. 455).
Ainsi, en 1989, soit des années après l'affaire de la «
Nouvelle Droite » qui fit connaître l'idéologie du GRECE au grand public,
nous voyons Messieurs Couvert et Vaquié au coude à coude avec les plus
acharnés sectateurs de la Nouvelle Droite.
Or, cette Nouvelle Droite est essentiellement païenne et
antichrétienne. Faut-il rappeler, en particulier, que quelques mois avant ce
colloque, à l'occasion du scandale du film de Scorcese La dernière
tentation du Christ (1988), la revue du GRECE, Éléments, publiait
un numéro intitulé « Le droit au blasphème » ? Dans les publications
de la Nouvelle Droite (en piochant au hasard) on se réjouit du Renouveau
païen dans la pensée française (recension d'un livre portant ce titre
dans Éléments 59, été 1986), on chante La libération païenne (dossier
du numéro 36 d’Éléments, automne 1980), on explique Comment
peut-on être païen ? (livre d'Alain de Benoist édité par les
éditions du GRECE), on réhabilite Celse contre les chrétiens (livre de
Louis Rougier réédité par les éditions du GRECE).
Partout sont dénoncées « les valeurs chrétiennes qui ont
tout infecté », « la responsabilité du christianisme dans la naissance du
cycle égalitaire et celle du monothéisme dans l'avènement de l'intolérance
», « la barbarie à visage divin » et exaltés, au contraire, « les martyrs
du paganisme » (« L'addition n'a pas été payée », éditorial de Robert de
Herte, alias Alain de Benoist, dans Éléments 36, automne 1980).
Pierre Vial, en particulier, est un antichrétien
obsessionnel. Converti au paganisme par Pierre Gripari, lequel est l'auteur de
nombreux ouvrages antichrétiens tels que L'histoire du méchant Dieu, il
ne cesse de dénoncer « le fanatisme sectaire qui trouve son origine dans le
monothéisme des religions du Livre » (Éléments 31, août 1980, p.
36), « la nature totalitaire du christianisme » (Éléments 36, automne
1980, p. 23), « la pseudo-christianisation des sociétés européennes » (Éléments
47, automne 1983, p. 47), auxquels il oppose « les forces élémentaires,
les forces divines dans lesquelles baigne l'initié au cœur des forêts » (Éléments
57-58, printemps 1986, p. 46), etc.
Comment les auteurs des Cahiers Barruel, qui se
prétendent si avertis des dangers doctrinaux, ont-ils pu prêter la main à une
entreprise aussi suspecte, en compagnie de si acharnés ennemis du nom
chrétien ? Nous ne trouvons pas de réponse satisfaisante.