Ce texte comporte un certain nombre de coquilles et d'erreurs de scannage - merci de les signaler en cliquant ici - en donnant la référence de la page - nous corrigerons

La paille et le sycomore

Avertissement de l'éditeur 

Prologue

Le silence du Magistère

Les apologistes de M. Couvert

E. Couvert contre les papes 

L'impossibilité intellectuelle

L'argument de prescription

Des erreurs graves

Des questions troublantes

D'où viennent tant d'erreurs ?

"Paul Sernine répond à ses lecteurs" - Ed. Zébu, 2004

Retour vers le sommaire

Le Magistère pontifical

Pour les catholiques antilibéraux ou « traditionalistes » (que leurs ennemis qualifient de « papistes », « d'ultramontains » ou « d'intégristes ») que nous prétendons être, la source première de la saine doctrine, sur les plans théologique, moral, spirituel, mais aussi historique, social, politique, se trouve dans l'enseignement des papes (des papes vraiment catholiques, donc antéconciliaires, évidemment), notamment de la grande lignée des papes contre-révolutionnaires, de Pie VI à Pie XII, surtout lorsque ceux-ci manifestent une continuité et une insistance particulières sur un point.

Dans ses ouvrages, Monsieur Couvert a accusé Dante d'être « gnostique » et anticatholique. Nous lui avons opposé l'enseignement de sept papes successifs (du bienheureux Pie IX à Pie XII, avec en prime le suspect Paul VI), affirmant au contraire que Dante est un grand génie catholique et un modèle d'orthodoxie. Pour un antilibéral, Roma locuta est, causa finita.

Même sans se déclarer explicitement « antilibéral », tout catholique a le devoir de se soumettre au Magistère pontifical, non seulement en ce qui regarde les déclarations ex cathedra, mais même pour l'enseignement ordinaire et quotidien. Pie XII l'a clairement rappelé en 1950 dans l'encyclique Humani generis. Citons-en quelques extraits : « Les amateurs de nouveautés en viennent facilement à négliger ou à regarder de haut le Magistère de l'Église lui-même (...). Il ne faut pas estimer non plus que ce qui est proposé dans les encycliques ne demande pas de soi l'assentiment, les papes n'y exerçant pas le pouvoir suprême de leur Magistère. Cet enseignement est celui du Magistère ordinaire auquel s'applique aussi la parole : "Qui vous écoute, m'écoute". (...) Si les souverains pontifes portent expressément dans leurs actes un jugement sur une matière jusqu'alors controversée, il est évident pour tous que cette matière cesse par là-même, suivant la pensée et la volonté de ces mêmes pontifes, d'appartenir au domaine des questions librement discutées. »

Enfin, du simple point de vue du bon sens, il semble normal de créditer les souverains pontifes d'une autorité supérieure à celle de Monsieur Couvert pour juger de l’orthodoxie d'un écrivain.

Or, à notre grande surprise, placé devant ces textes des papes, Monsieur Couvert a ressorti les arguments des libéraux et des modernistes pour échapper à la force contraignante des enseignements pontificaux.

Voici son texte : « Je n'ai pas l'habitude d'aller consulter les discours des papes pour y trouver des documents authentiques ou des preuves historiques. Les textes des papes cités ici sont en contradiction manifeste avec la vérité historique. En particulier, les propos de Benoît XV sont bien incohérents. Il s'agit de discours de circonstance, prononcés à l'occasion d'anniversaires ou de pèlerinages, dans lesquels le pape se contente de lire des textes tout écrits par les rédacteurs des services du Vatican. Ils n'ont pas la possibilité d'aller vérifier personnellement les assertions qui y sont contenues. Je ne mets pas en cause leur bonne foi, mais certainement l'honnêteté des rédacteurs. Ces discours n'ont aucun caractère dogmatique, ils ne jouissent pas de l'infaillibilité définie par Vatican I. Je garde donc toute ma liberté de jugement à leur égard et je refuse énergiquement l'usage abusif qui est fait ici de l'argument d'autorité, le plus faible au regard de la droite raison » (Lecture et Tradition, avril 2001, p. 18 ; La gnose en question, p. 160-161).

Ce qui n'est pas moins troublant, c'est que dans son jugement sur Dante, en s'opposant d'un côté à l'enseignement constant des papes, Monsieur Couvert rejoint d'un autre côté les enseignements des ésotéristes, lesquels prétendent annexer l'auteur de la Divine Comédie : c'est le cas notamment de René Guenon, auteur de L'ésotérisme de Dante.

Nous avouons sans ambages notre profonde perplexité à ce sujet, ne comprenant pas comment Monsieur Couvert peut concilier sa volonté d'orthodoxie avec une opposition frontale à l'enseignement constant des papes, et comment, au contraire, sa convergence avec les enseignements des ésotéristes ne le trouble pas.

Vers le paragraphe suivant