On ne peut, évidemment, que s'étonner de la radicalité
d'un tel choix intellectuel : est-il raisonnablement possible d'affirmer
que ce qui se publie en matière historique et scientifique depuis trois
siècles est exclusivement invention, mensonge et tromperie ?
Pourtant, Monsieur Couvert n'hésite pas à tirer les plus
extrêmes conséquences de ses options méthodologiques révolutionnaires. Et il
finit par refuser même de lire les ouvrages qu'il attaque et dénonce.
A propos de Qumrân, il a plusieurs fois attaqué la thèse
d'Annie Jaubert, auteur d'un ouvrage extrêmement érudit intitulé La date
de la Pâque (Gabalda, 1957). Il traite Madame Jaubert « d'historien
malhonnête » (La gnose en question, p. 118). fl n'hésite pas à
écrire à son propos : « La thèse d'Annie Jaubert est fausse, purement
et simplement. Je l'ai démontré. (...) Le récit d'Annie Jaubert n'est pas de
l'histoire, mais du cinéma. C'est une vision à la mode de celles
d'Anne-Catherine Emmerich ou Marie d'Agréda, dans lesquelles se mêlent
l'imagination, l'affabulation et le mensonge » (La gnose en question, p.
132).
Le frère Bruno Bonnet-Eymard lui ayant demandé des
précisions sur les ouvrages d'Annie Jaubert auxquels il entendait se référer
pour cette sévère critique, Monsieur Couvert lui répondit le 7 décembre 1998
par ce texte proprement stupéfiant : « Je n'ai pas lu les ouvrages
d'Annie Jaubert et n'ai pas l'intention de le faire. Je m'en suis tenu au récit
que vous avez donné de sa thèse dans le bulletin de la CRC. Je pense qu'il est
complet et qu'il est fidèle à sa pensée » (La gnose en question, p.
152).