Ignorant les langues originales et ne travaillant que sur
traductions, ne s'étant jamais rendu dans les lieux dont il traite, rejetant
par principe les découvertes scientifiques récentes (archéologiques,
épigraphiques, numismatiques, etc.) et notamment les chronologies
généralement reçues, Monsieur Couvert dépend donc d'une documentation
livresque assez ancienne et à base de traduction. La qualité de sa
bibliographie conditionne donc toute la valeur de son travail.
Or, et c'est un sujet d'étonnement constamment renouvelé en
lisant Monsieur Couvert, ce dernier ne donne aucune référence pour les
citations qu'il produit.
Par exemple, dans le premier chapitre, intitulé « La gnose,
tumeur au sein de l'Église », de son premier livre, Monsieur Couvert ne fait
pas moins de cinquante citations : mais aucune ne possède de référence.
Au détour d'un livre, nous pouvons d'ailleurs apprendre
qu'il s'agit pour lui d'un choix délibéré, puisqu'il nous dit n'avoir pas
voulu rédiger « un gros ouvrage de 500 pages, bourré de citations et de
références érudites, donc un pavé parfaitement indigeste que personne
n'aurait lu », mais au contraire « un texte clair, court, aisé à lire » (La
gnose contre la foi, p. 236). « Il n'est pas dans notre intention de faire
œuvre d'érudition » (De la gnose à l'œcuménisme, p. 37). « Je ne
vois pas bien l'utilité d'ajouter des notes érudites en bas de page, qui
alourdissent le texte et ralentissent la lecture. Souvent même ces notes
accumulées brisent la suite logique du raisonnement » (La gnose en
question, p. 123). « Je me suis toujours efforcé de débarrasser mon texte
de toute référence érudite » (La gnose en question, p. 145).
Autrement dit, Monsieur Couvert propose des livres d'histoire
des idées sur des sujets très complexes, embrassant toute l'histoire de
l'humanité, aboutissant à des conclusions révolutionnaires (« Le bouddhisme
n'est pas né au Ve ou VIe siècle avant
Jésus-Christ : c'est un avatar du manichéisme né au IIIe
siècle après Jésus-Christ », etc.), sans qu'il soit aucunement possible de
contrôler ses citations, d'aller les relire dans leur contexte, de les
compléter par d'autres textes du même auteur ou d'auteurs différents.
Monsieur Couvert réclame donc notre entière et absolue
confiance pour la réalité des textes qu'il nous fournit et le sens qu'il leur
prête. Aucun auteur sérieux s'occupant de telles matières n'a jamais eu une
prétention aussi exorbitante.
La science humaine est essentiellement un bien commun, elle
naît de l'effort de tous, de la confrontation réciproque des preuves, de
l'examen public des thèses des uns et des autres. Par son refus de justifier
ses affirmations et d'en donner des preuves vérifiables, Monsieur Couvert
s'exclut lui-même des méthodes de la science, non seulement la science au sens
moderne, mais encore la science au sens traditionnel, thomiste, « la
connaissance certaine par les causes ».