Monsieur Couvert a prétendu, toutefois, répondre à une
telle objection : « On m'a reproché, nous dit-il, de ne pas faire figurer
dans mes ouvrages des notes en bas de page ; c'est vrai, mais dans chacun
d'eux, je publie à la fin une bibliographie importante, avec mes commentaires
sur chacun des livres mentionnés. Là se trouvent toutes les références
nécessaires et j'évite ainsi de surcharger le texte qui serait augmenté
d'environ un tiers de son nombre de pages » (Lecture et Tradition, décembre
2001, p. 21).
Ainsi, la bibliographie mentionnée à la fin des ouvrages de
Monsieur Couvert, de son propre aveu, n'est pas une « bibliographie sommaire »
à l'usage de ses lecteurs, mais bien sa propre bibliographie de travail.
Or, en consultant ces diverses « Notes bibliographiques »,
le lecteur ne peut que se sentir perplexe : une entreprise intellectuelle
aussi ambitieuse repose sur des fondements étonnamment fragiles. A côté de
quelques livres de valeur, nous trouvons surtout des écrits journalistiques ou
des résumés littéraires, tandis que manquent la plupart des ouvrages de
référence.
Sur le courant « traditionaliste » du XIXe
siècle, par exemple (La gnose contre la foi), Monsieur Couvert cite Les
prophètes du passé de Barbey d'Aurevilly. Malgré l'estime que l'on doit
avoir pour le talent littéraire de Barbey d'Aurevilly, force est d'avouer qu'il
n'est pas un historien, pas plus d'ailleurs que Louis Veuillot dans Études
sur Victor Hugo (id.). Il faut en dire autant d'Henri Massis dans Défense
de l'Occident (La gnose universelle) et des frères Tharaud dans Les
mille et un jours de l'islam (id.).
Le petit opuscule de Thomas Molnar, L'Utopie, éternelle
hérésie, n'est guère convaincant dans ses démonstrations, malgré
l'estime que mérite l'auteur (De la gnose à l'œcuménisme), tandis que
Karl Marx et Satan du pasteur Richard Wurmbrandt, intéressant livre de
vulgarisation, est loin d'être un ouvrage suffisant sur la pensée marxienne et
marxiste (id.).
Parlant du bouddhisme (La gnose universelle), Monsieur
Couvert cite l'éminent indianiste que fut Louis de la Vallée Poussin. Il ne
signale pourtant aucun de ses ouvrages : Bouddhisme, études et
matériaux, 1898 ; Bouddhisme, opinions sur l'histoire de la
dogmatique, 1909 ; Le védisme, 1909 ; Notions sur les
religions de l'Inde, 1910 ; Nirvana, 1924 ; La morale
bouddhique, 1927 ; Le dogme et la philosophie du bouddhisme, 1930,
etc. Il se contente de mentionner quelques pages de sa plume dans un manuel
d'histoire des religions (fort bien présenté, certes, mais qui n'est qu'un
manuel et un résumé).
Faisant référence à l'œuvre (intéressante, d'ailleurs,
mais pas entièrement probante) du père Théry (alias Hanna Zacharias),
Monsieur Couvert se contente là aussi de citer un résumé de cette thèse,
sans prendre la peine de nous indiquer les ouvrages originaux (La gnose
universelle).
Même situation lorsqu'il traite du jansénisme :
Monsieur Couvert cite, non les Institutions liturgiques de dom
Guéranger, mais un digest établi (au demeurant remarquablement bien)
par Jean Vaquié (Lecture et Tradition, janvier-février 1996, p. 27). Au
même endroit, à propos de Pascal, il cite comme référence d'histoire des
idées un « conte infernal » de Charles Maurras.
A propos de l'amour courtois, Monsieur Couvert nous explique
que « l'œuvre d'Eugène Aroux est introuvable », et nous propose simplement
« un résumé de son enseignement » dans des ouvrages de seconde main (La
gnose universelle).
Comme l'écrit Monsieur Couvert lui-même au détour d'un de
ses livres : « On ne bâtit pas une construction historique sur des bases
aussi fragiles » (La gnose en question, p. 121).