Ainsi, sur les trois principaux domaines d'étude abordés
par eux, à savoir la théologie, la philosophie et l'histoire religieuse, les
auteurs des Cahiers Barruel en général, et Monsieur Couvert en
particulier, sont autodidactes.
Nous n'avons aucun mépris pour les autodidactes : ce
sont des hommes qui possèdent souvent une grande masse de connaissances,
parfois des intuitions originales et intéressantes.
Cependant, le Créateur a voulu que l'homme soit enseigné
par un maître et par oral : tel est l'ordre normal des choses.
L'autodidacte s'écarte de cet ordre, le plus souvent parce que la vie lui a
refusé de faire autrement, du fait de circonstances étrangères à sa
volonté. Mais la nature se venge des écarts. Ainsi, l'autodidacte, le plus
ordinairement, manque des principes élémentaires de synthèse qui lui
permettraient d'utiliser avec profit et équilibre la somme de connaissances
qu'il a acquise par un dur labeur.
« Rares sont les adultes, nous dit Pie XII, qui ont le
courage de compléter par eux-mêmes leur culture, et cette méthode conduit
souvent à de dangereuses déformations. La présence et le contact du maître
sont, généralement parlant, irremplaçables » (Allocution aux élèves des
cours d'éducation populaire, 19 mars 1953).
Cela se vérifie particulièrement dans ces sciences
difficiles, aux conséquences graves, que sont la théologie, la philosophie et
l'histoire religieuse. Ici, des nuances, des équilibres, des distinctions
élémentaires qu'on apprend d'un professeur vont changer radicalement
l'orientation d'une théorie. Celui qui aurait, par exemple, appris tout seul le
contenu entier du Dictionnaire de théologie catholique ne verra pourtant
pas l'importance de tel principe élémentaire, qu'un séminariste de deuxième
année connaît par cœur, et il fera des bourdes étonnantes dans son
raisonnement.
Monsieur Couvert le reconnaît lui-même lorsque, parlant des
erreurs de l'école « traditionaliste » (de Maistre, Bonald, Lamennais), il en
donne la cause principale : « Ils furent des autodidactes » (La gnose
contre la foi, p. 97).